1996 – 2007 : les ressorts de la popularité du Président Chirac

Exemple d'utilisation du widget dataspeed®, dans un article rédigé pour l'Institut Ipsos sur l'évolution de la popularité de Jacques Chirac au cours de ses mandats, suite au décès du Président. (cliquez sur l'image pour ouvrir dataspeed® dans un nouvel onglet)

Lancé en janvier 1996, le baromètre de l’action politique Ipsos / Le Point a suivi en détails la popularité du Président Chirac sur ses deux mandats. La cohabitation, la victoire de la France à la coupe du monde de football en 1998, le « front républicain » face au FN de la Présidentielle 2002 et la politique étrangère (refus de la guerre en Irak) apparaissent comme les principaux ressorts d’une popularité hors-normes.

L’état de grâce consécutif à l’élection de Jacques Chirac en 1995 aura été de courte durée. Dès l’automne, le mouvement social fait chuter la popularité du nouveau Président. Les bonnes opinions sont minoritaires au lancement du baromètre politique Ipsos / Le Point en janvier 1996 (38% de jugements favorables pour 56% d’avis contraires), et baissent jusqu’à 32% (64% de jugements défavorables) en octobre 1996.

A cette date, la visite de Jacques Chirac au Proche-Orient et les incidents à Jérusalem avec les services de sécurité israéliens marquent une rupture de tendance. Les bonnes opinions ne baissent plus et repartent à la hausse. La dissolution et la campagne des législatives amplifient le phénomène, en remobilisant les électeurs de droite derrière leur Président. La défaite électorale n’y changera rien. Certes les bonnes opinions de l’électorat de droite baissent de 85% en mai 2017 à 66% en juin, mais rebondissent à 78% dès le mois suivant. Jacques Chirac reste très largement soutenu dans son camp, et suscite dorénavant la bienveillance de l’électorat de gauche, en période de cohabitation. Les courbes se croisent pendant l’été 2017, et Jacques Chirac retrouve une majorité d’opinions favorables. Le soutien des sympathisants de gauche lui permet d’atteindre 68% de bonnes opinions (90% chez les sympathisants de droite, 61% chez les sympathisants de gauche) au lendemain de la victoire de l’équipe de France à la coupe du monde de football. Le point le plus haut est mesuré en janvier 1999, quand les trois-quarts (74%) des Français approuvent son action. Le soutien est alors quasi-unanime à droite (95%), mais également partagé par les deux tiers des sympathisants de gauche (65%). Les bonnes opinions se tasseront ensuite dans l’électorat de gauche, mais dans l’ensemble, Jacques Chirac restera très majoritairement populaire sur toute la période de cohabitation, jusqu’à la campagne Présidentielle de 2002.

Après une courte période d’impopularité pendant la campagne (mars / avril 2002), Jacques Chirac bénéficie d’un nouvel « état de grâce » dans la foulée de sa victoire au second tour face à Jean-Marie Le Pen. Les bonnes opinions repartent à la hausse, renforcées début 2003 par le refus de participer à la guerre en Irak voulue par les États-Unis de Georges W. Bush. Le pic de popularité du deuxième mandat présidentiel est atteint en avril 2003, avec 70% de bonnes opinions sur l’ensemble de la population (près de 60% à gauche, 90% à droite). Le reflux des bonnes opinions après cette séquence n’empêchera pas le Président Chirac de bénéficier d’une majorité de jugements favorables jusqu’au printemps 2005. La victoire du « non » au référendum sur le traité constitutionnel européen le 29 mai changera brutalement la donne. Les bonnes opinions tomberont à 28% sur la vague de juin du baromètre (52% dans l’électorat de droite, 13% dans l’électorat de gauche), ce qui constituera le point le plus bas des deux mandats. La popularité se redressera par la suite, mais le soutien des Français restera minoritaire jusqu’à la campagne électorale de 2007.

A noter enfin que l’image d’un Jacques Chirac séducteur, beaucoup mise en avant lors des hommages accompagnant son décès, n’a jamais trouvé de traduction en terme de popularité : sur les deux mandats présidentiels, les courbes de popularité par genre se superposent. De même la proximité du Président avec le monde agricole ne s’est pas traduite par une nette prime de popularité au sein de la profession, avec en moyenne 60% d’avis favorables sur les douze ans de présidence, pour plus de 80% en moyenne sur l’ensemble des sympathisants de droite.

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